Date de publication : 11/07/2025
Christian Serpaud
Bien anticiper et connaître le déroulement d’un contrôle fiscal permet de réagir au mieux et de limiter son impact sur votre association.
À tout moment, votre association peut être la cible d’un contrôle fiscal. Cette procédure peut être menée afin de vérifier le caractère non lucratif de ses activités ou pour vérifier la régularité des reçus fiscaux qu’elle délivre dans le cadre du régime du mécénat. Mais, bien souvent, elle est diligentée à l’égard des associations ayant des activités lucratives et soumises aux impôts commerciaux (impôt sur les bénéfices, contribution économique territoriale, TVA). L’administration fiscale engage alors une vérification de comptabilité et peut effectuer des investigations plus approfondies en se déplaçant dans vos locaux ou, en présence d’une comptabilité informatisée, procéder, à distance, à un examen de comptabilité si elle estime qu’un contrôle sur place n’est pas nécessaire.
Si ce contrôle fiscal peut être source d’inquiétude pour le dirigeant d’une association, maîtriser les différentes étapes de la procédure permet toutefois d’aborder cet évènement avec plus de sérénité et d’avoir de bonnes chances d’en sortir sans encombre. Zoom sur les points clés du contrôle fiscal.
Le contrôle de comptabilité obéit à des règles strictes, qui vous offrent des garanties, dont le non-respect peut entraîner l’annulation du redressement. Ainsi, vous devez être informé, au préalable, de la date de début du contrôle par l’envoi d’un avis de vérification ou d’examen de comptabilité.
Ce document doit comporter certaines mentions, notamment votre droit à l’assistance d’un conseil. Il vous informe aussi de la possibilité de consulter ou de demander la remise de la charte du contribuable vérifié, sorte de synthèse des règles applicables au contrôle et qui sont opposables à l’administration.
Lors du contrôle, votre association est tenue de présenter, à la demande du vérificateur, tous les documents comptables qu’elle a l’obligation de tenir pour justifier ses déclarations. Ce dernier peut alors prendre copie des documents consultés. En cas d’opposition de votre part, vous encourez une amende de 1 500 € par document, dans une limite globale de 50 000 €.
Les associations tenant une comptabilité informatisée doivent, quant à elles, présenter leurs documents comptables en remettant une copie dématérialisée du fichier des écritures comptables (FEC) dès le début des opérations de contrôle (ou dans les 15 jours qui suivent la réception d’un avis d’examen de comptabilité). Le défaut de remise du FEC ou son rejet pour non-conformité étant également sanctionnés.
Lorsqu’elle n’a constaté aucune anomalie à la suite de son contrôle, l’administration doit vous remettre un avis d’absence de redressement.
À l’inverse, si elle entend rectifier les erreurs qu’elle a constatées, elle doit normalement notifier à votre association une proposition de redressement. Cette dernière doit faire état, en particulier, du droit à l’assistance d’un conseil et du délai de réponse dont vous disposez.
À compter de la réception de la proposition de redressement, vous disposez de 30 jours pour répondre, prorogeable de 30 autres jours si vous le demandez dans le délai initial. Pour contester les redressements proposés, vous devez formuler des « observations » par écrit et les signer. L’administration fiscale doit ensuite vous répondre sous 60 jours si vous êtes à la tête d’une petite ou moyenne structure (CA < 1,526 M€ pour les activités de vente ou de fournir de logement, CA < 460 000 € pour les prestataires de services).
Vous pouvez demander la saisine des supérieurs hiérarchiques du vérificateur selon deux niveaux de recours. Ainsi, vous devez, en principe, rencontrer l’inspecteur principal (1er niveau) avant de pouvoir vous adresser à l’interlocuteur départemental (2nd niveau). Votre demande peut intervenir avant la proposition de redressement si vous rencontrez des difficultés au cours du contrôle et/ou, si vous êtes en désaccord avec les redressements maintenus, dans les 30 jours suivant la réponse à vos observations ou le compte rendu du recours de 1er niveau.
Lorsque l’administration n’accepte pas vos observations, votre association a la faculté de saisir, dans les 30 jours, la commission départementale des impôts directs et des taxes sur le chiffre d’affaires, si celle-ci est compétente.
Attention toutefois, l’avis rendu par la commission ne s’impose ni à votre association, ni à l’administration. Mais il peut être utile devant les tribunaux, les magistrats n’étant pas insensibles aux positions prises par la commission.
Quelles que soient les raisons du déclenchement du contrôle fiscal, les associations peuvent et à notre avis doivent être accompagnées par un conseil. L’expert-comptable deviendra alors le principal interlocuteur du vérificateur à condition qu’il en ait reçu le mandat (transmis en début de contrôle) par l’association. Au-delà de son rôle d’interlocuteur, il pourra apporter en amont des explications au vérificateur pour éviter une notification de redressement (prise en compte des évaluations des contributions volontaires atténuant un secteur lucratif pour le rendre accessoire par exemple). Il pourra également accompagner ou préconiser des avocats pour gérer les phases contentieuses qui pourraient subsister.
Christian Serpaud
Expert-comptable, commissaire aux comptes, associé, directeur national ESS
Christian est associé au sein du cabinet In Extenso. Expert-comptable et commissaire aux comptes spécialiste du secteur associatif et ESS, il est en charge du Marché Economie Sociale du groupe In Extenso.