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Forêts en danger : Sylv’ACCTES, semer l’engagement aux racines du problème

Date de publication : 30/04/2025

#Article

Charlotte Marchand

La forêt, cœur de la biodiversité, est mise à mal depuis quelques années par le dérèglement climatique. Sécheresses, incendies à répétition ou encore parasites entraînent le dépérissement de nombreuses espèces d’arbres. Selon, les derniers résultats de l’inventaire forestier national le taux de mortalité des arbres a doublé en 10 ans en France.

Dix ans, c’est aussi le nombre de bougies soufflées par Sylv’ACCTES, une association d’intérêt général qui sensibilise et agit en faveur de la protection des milieux forestiers en France. L’association est née d’un constat : les coupes rases et l’uniformisation des forêts se généralisent face au manque de financements pour les travaux d’amélioration sylvicole et mettent en péril le patrimoine forestier. Outre la perte importante de biodiversité et la fragilisation de ces peuplements, la détérioration des forêts entraîne une réelle perte économique pour le territoire.

La problématique centrale qui se pose aujourd’hui est la suivante : comment assurer la préservation des écosystèmes forestiers tout en tenant compte des limites économiques ? À travers des actions concrètes, Sylv’ACCTES accompagne plus de 10 000 hectares de forêts dans une gestion raisonnée, respectueuse des dynamiques naturelles. Se concentrant principalement sur les massifs forestiers (1), l’une des forces de l’association est qu’elle travaille autour du collectif, en réunissant plusieurs acteurs tels que les collectivités, les entreprises ou encore les particuliers. Cette approche, qui allie respect du vivant et prise en compte des échelles locales, constitue une réponse aux défis posés par le changement climatique.

Un accompagnement transitoire vers la forêt de demain

Pendant longtemps, la protection des forêts a été associée à la notion de résilience, dans l’espoir de favoriser un retour à un équilibre forestier. Or, face à la multiplication des événements climatiques extrêmes, il semble désormais essentiel d’accompagner activement les écosystèmes dans une véritable transition pour éviter de multiples phases d’effondrement. Pour entamer cette transition, l’une des premières étapes est de candidater au processus d’accompagnement de Sylv’ACCTES. Une candidature est alors déposée par les élus territoriaux et/ou les opérateurs forestiers qui souhaitent entamer la démarche d’accompagnement.

Vient ensuite une phase de concertation qui dure entre 4 et 8 mois, où sont identifiés les facteurs de réussite et les enjeux, pour ensuite aboutir à une mise en œuvre des pratiques de sylviculture évoquées. Une question de compréhension se pose alors : qu’est-ce que la sylviculture ?

Selon Loïc Casset, Délégué Général de Sylv’ACCTES : « La sylviculture est un savoir-faire qui est basé sur la connaissance des écosystèmes forestiers (…) c’est une science qui permet d’assurer une production de bois, de qualité, à travers le temps, en surfant sur les dynamiques naturelles. » Pour respecter le rythme naturel des forêts, il va donc falloir, en premier lieu, identifier les savoirs et savoir-faire pour répondre à un enjeu de gestion. Autrement dit, l’association va se rapprocher de professionnels pour accompagner les propriétaires forestiers dans une gestion vertueuse de l’écosystème, qui s’inscrit dans l’intérêt général. Cela peut faire référence aux « experts forestiers et/ou gestionnaires forestiers indépendants (…) l’ONF peut être un interlocuteur étant le gestionnaire des forêts publiques par exemple (…) il est important de prendre conscience qu’il s’agit d’un réel savoir-faire », précise Loïc Casset.

« Tout le monde pense que pour sauver la forêt, il faut planter des arbres. Finalement, c’est souvent contre-intuitif par rapport au fonctionnement naturel d’un écosystème. La forêt, en France, en un siècle, elle a doublé sa surface. »

Loïc Casset, Délégué Général de Sylv’ACCTES

En effet, l’une des singularités de l’association est qu’elle ne recourt que très rarement à la plantation d’arbres, et uniquement dans des cas bien précis. Elle privilégie plutôt la diversification des essences forestières en accompagnant la germination des différentes graines déjà présentes dans le sol. Par ailleurs, elle favorise l’étoffement des forêts en s’appuyant sur la stratification, c’est-à-dire la présence de « plusieurs étages d’arbres (…) jeunes et matures ». Plus une forêt présente de strates, plus elle gagne en robustesse et en capacité de résistance face aux aléas extérieurs, comme les tempêtes qui sont, dans le cas inverse, particulièrement destructrices.

Une approche fédératrice et apartisane appuyée par le mécénat

Ensuite, le second enjeu est celui du foncier. Le Directeur Général précise que « un propriétaire forestier ne vit pas de sa forêt. Il n’y a personne en France qui vit de sa forêt aujourd’hui ». Le défi est donc de trouver le levier d’incitativité, financer le projet à un taux suffisamment symbolique pour que le ou les propriétaires puissent être en capacité de se projeter dans le projet. Sylv’ACCTES accompagne alors les candidats à hauteur de 70 % pour les travaux en forêt privée et à 50 % en forêt publique. En revanche, un financement à 100 % serait délétère et déresponsabiliserait les bénéficiaires.

Pour répondre à cet enjeu foncier, Sylv’ACCTES s’appuie en grande majorité sur le mécénat. Environ 70 % des fonds, soit un budget d’environ 2 millions d’euros, proviennent du mécénat. Le reste est pris en charge par les enveloppes publiques, autrement dit, les subventions d’investissement. Ce modèle économique permet une certaine réactivité, qui permet à l’association de donner une réponse à une demande de financement dans les 30 jours.

D’autre part, il est important de souligner que l’association se veut apartisane. Le Délégué Général souligne que « la forêt n’a pas de couleur politique, elle nous concerne toutes et tous ». Cette approche permet donc de fédérer le maximum d’acteurs autour de la protection des forêts.

Sylv’ACCTES est d’ailleurs parfois amenée à travailler en collaboration avec les chasseurs pour mener à bien les travaux souhaités. Dû au dérèglement climatique et à la disparition croissante des grands prédateurs comme le loup et le lynx, la France a connu ces dernières décennies une explosion des populations d’ongulés (cerfs, chevreuils, sangliers).

L’échange avec les chasseurs permet alors d’assimiler le contexte dans lequel se font les travaux, et de réguler les populations d’ongulés afin qu’ils ne mangent pas l’intégralité des jeunes pousses, ce qui nuirait à l’étoffement des massifs forestiers.

Une association qui prend la route de la fondation

Actuellement, l’association accompagne près de 2000 hectares de forêt chaque année. Elle intervient pour cela en Auvergne-Rhône-Alpes, sa région d’origine où elle est très présente, mais aussi en Occitanie et dans le Grand Est. Elle expérimente également son dispositif en Bourgogne-Franche-Comté et en Île-de-France. L’équipe, qui est composée de 10 salariés, n’a pas de bénévoles et sillonne le territoire pour accompagner les projets. L’un des grands objectifs des années à venir est donc d’aller vers un changement de statut : celui de la fondation reconnue d’utilité publique.

(Ré)apprendre à observer la forêt pour s’y reconnecter

Bien que le travail de terrain soit au cœur de ses missions, la sensibilisation occupe également une place importante dans les actions de l’association. Sylv’ACCTES propose à ses entreprises mécènes de sensibiliser leurs collaborateurs au contexte forestier français. L’idée est ici de reconnecter les individus aux réalités du terrain et de les inciter à réexplorer la forêt avec un regard neuf et curieux.

« Il faut s’habituer à regarder ce qui se passe au pied d’un arbre mort, car dès qu’il y a de la lumière en forêt, il y a forcément une régénération naturelle. La lumière arrive toujours à ramener la vie (…) Le métier du forestier, c’est de doser la lumière pour faire germer les graines. »

Loïc Casset, Délégué Général de Sylv’ACCTES

Dans cette même dynamique, l’association a créé un livre pédagogique à destination des élèves de CM1 et CM2. Il a pour objectif de donner aux élèves des premières connaissances et clés de compréhension sur la forêt qui les entoure et ses enjeux.

Pour prolonger cette démarche de sensibilisation, Loïc Casset nous recommande chaleureusement le film-documentaire de 11 minutes filmé en 2021 par Sébastien Guery : Sculpteur de lumière.

Alors sortez vos pop-corn (fait maison c’est meilleur) et rendez-vous directement sur le site de l’association pour en savoir plus.

Auteur(s) :

Charlotte Marchand

Journaliste de solution

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