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ESS

La filière du bâtiment dans l’économie sociale

Date de publication : 06/05/2025

#Article

Gilles Larvaron

En se développant de manière importante ces dernières années, l’économie sociale et solidaire s’est aussi structurée en filière en fonction du volume de structures et d’activités générées dans les secteurs traditionnels de l’économie française. C’est particulièrement vrai, aujourd’hui, dans le bâtiment et la construction car, dans un secteur en crise depuis quelques mois maintenant, l’économie sociale et sa cousine, l’économie circulaire, ont permis d’ouvrir des alternatives moins coûteuses et plus adaptées aux questions d’urbanisme et d’aménagement du territoire.

Petit panorama de cette filière de l’ESS qui commence à prendre toute sa place dans le secteur, et toute sa légitimité aussi.

Et tout commençât avec l’architecture

Les acteurs de l’économie sociale et solidaire apparaissent dès le début de la chaîne de la construction, la conception. Petit à petit, et en particulier via la commande publique, des missions « AMU » – Assistance à Maitrise d’Usage – sont inclues dès les phases préparatoires. L’objectif est triple :  

  • Concevoir les bâtiments et les espaces avec les futurs résidents, les riverains et les acteurs du quartier, notamment associatifs pour faciliter leur appropriation.
  • Intégrer des principes de durabilité et d’économie circulaire pour minimiser l’impact environnemental en favorisant par exemple l’efficacité énergétique, la réutilisation et le recyclage des matériaux.
  • Favoriser des logiques d’emploi, de formation et d’insertion pour les personnes locales et ainsi favoriser les compétences et l’employabilité au sein même de la communauté avoisinant le projet de construction.

Beaucoup d’acteurs, qui ne sont pas issus de l’économie sociale, se sont appropriés ces sujets, les cabinets d’architectes, les bureaux d’études notamment mais cela ne suffit plus à répondre aux enjeux du secteur.

Sur la partie étude préalable, des structures de l’économie sociale ont lancé des initiatives dites de « design social et urbain ». Il s’agit là d’aller à la rencontre des usagers, résidents et riverains, de cibler les problématiques d’usage à résoudre et de dessiner les contours du projet avec eux. Ce procédé permet d’inclure, dès la conception, des dimensions architecturales, paysagères, de matériaux, de consommation d’énergie, pour avoir des bâtiments ancrés dans une époque, dans les usages de leurs utilisateurs et dans une sociologie. A titre d’exemple, en France, les familles monoparentales et les familles recomposées représentent 34% de la population en 2020[1]. Les solutions de logement doivent être donc pensées en fonction de cette nouvelle donnée sociologique mais aussi en prenant compte les usages de ces familles.

Dans tous les cas, les acteurs de l’économie sociale et solidaire qui vont opérer à ce stade de conception des projets urbains vont permettre un meilleur ancrage par le souci d’associer les usagers. Cette pratique étant moins courante chez les promoteurs immobiliers, les constructeurs, les entreprises du BTP, l’ESS joue un rôle très complémentaire et redonne de la crédibilité à un secteur en crise.

Et dans la construction, une place plus en plus importante pour des coûts moindres

L’économie circulaire offre des opportunités majeures pour réduire les coûts en évitant l’importation et la création de nouveaux matériaux. Elle permet également :

  • De se conformer aux exigences environnementales de plus en plus présentes dans les cahiers des charges et les marchés publics,
  • D’améliorer son image, son impact social et environnemental et de construire une réelle politique RSE.

En chiffre, le secteur du bâtiment a généré en 2021 environ 46 millions de tonnes de déchets, représentant près de 70 % des déchets produits en France.

Face à cet enjeu, des initiatives fleurissent dans le sens d’une réelle filière dédiée pour intégrer des pratiques de réemploi, de recyclage et de réduction des matériaux. À titre d’exemples :

  • La coopérative Reavie collecte et revalorise les matériaux issus de chantiers, tandis que Bellastock, une association, organise des projets collaboratifs pour promouvoir le réemploi de matériaux sur site.
  • Des plateformes comme Cycle Up ou Mineka, soutenues par des acteurs de l’ESS, facilitent la mise en réseau entre entreprises pour l’achat et la vente de matériaux réutilisables.

Démantèlement, réhabilitation, restauration, stockage : c’est une filière sérieuse et professionnelle qui s’est mise en place et se développe.

Selon le Panorama de l’ESS 2023[2], ces pratiques ont permis de revaloriser 3,5 millions de tonnes de matériaux, générant 1,2 milliard d’euros d’activité.

En résumé, l’ESS est venue au secours d’un secteur en crise par une amélioration des pratiques et une meilleure adéquation entre besoins, usagers et constructeurs. La crise du bâtiment est toujours présente mais, au moins, ce secteur s’est ouvert des champs d’économies, budgétaires comme environnementales, en même temps que des champs d’innovations avec des acteurs fiables et engagés ayant démontré leur pertinence.


[1] INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/5422681

[2] https://cress-aura.org/ressource/panorama-regional-2023-ce-que-less-apporte-a-la-societe/

Auteur(s) :

Gilles Larvaron

Coordinateur national Économie Sociale

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