Coronavirus - Covid 19, Gestion
Date de publication : 01/07/2021
Philippe Guay
La sortie de la période de crise sanitaire correspond, pour les associations et les organismes à but non lucratif, à la reprise des activités du premier semestre de l’année 2021.
Mais avant de se pencher sur la situation de ce début d’année, observons dans quelles circonstances et conditions les comptes des associations ont été clôturés en cette fin d’année dernière.
Plutôt bien dans la majorité des cas !
Hormis certains secteurs, comme le spectacle, la culture ou l’évènementiel, où les ressources dépendent directement de l’accueil et de la fréquentation du public, un grand nombre d’associations a bénéficié de conditions exceptionnelles de soutiens financiers de l’Etat alors qu’elles avaient perçu les cotisations de leurs adhérents en début d’année 2020. De plus, on a constaté, dans le secteur associatif comme dans le secteur marchand, que la première période de confinement avait engendré des économies significatives de frais généraux, de consommations de charges et modifié fondamentalement certaines habitudes de travail.
Il en a résulté des changements qui emportent des conséquences réductrices sur les budgets de charges.
Les associations employeurs non subventionnées ont pu bénéficier de la prise en charge d’une part significative de leurs coûts salariaux ce qui leur a permis d’amortir le choc de l’inactivité liée aux périodes de confinement.
Bon nombre d’activités associatives courantes (sportives, sociales et socio-culturelles, par exemple) ont été désertées et la désaffections des adhérents se fait largement sentir depuis le début de l’année. Il en résulte une situation financière où plusieurs associations sont obligées de puiser de manière significative dans leurs réserves de trésorerie.
Alors, regardons de près comment tout cela se traduit dans la comptabilité sans présenter des résultats en « yo-yo » qui ne seraient pas vraiment représentatifs de la réalité.
À lire :
Conseils pour assurer la pérennité de son association
Nous n’aborderons pas, ici, le cas des activités réglementées, entièrement financées par des fonds publics sous forme de tarification, prix de journée, allocations budgétaires. Les organismes gestionnaires n’ont pratiquement pas connu de rupture dans leur fonctionnement ni leurs financements.
En ce qui concerne les associations qui réalisent des programmes d’actions financés partiellement ou en totalité par des pouvoirs publics (ministères, collectivités publiques, autorités administratives), la situation est plus délicate. Tout d’abord, on se souvient qu’une circulaire du Premier ministre (du 6 mai 2020) permet aux financeurs publics d’engager un dialogue financier avec les associations auxquelles ils versent des subventions. Selon la situation dans laquelle se trouvait l’association au 31 décembre 2020 par rapport aux engagements pris dans la convention de financement, les reports, transferts ou reversements devaient être comptabilisés soit :
Une dernière alternative offerte par la circulaire permet également au tiers financeur de reconsidérer l’objet de la subvention et de le destiner à couvrir des charges que l’association serait dans l’impossibilité d’assumer par faute de recettes patentes.
Pour ces associations, c’est la dynamique entrepreneuriale qui va orienter la reprise de leurs activités.
En effet, avec la sortie de crise, le retour de la fréquentation des adhérents, et donc de leur clientèle en quelque sorte, sera subordonné à la communication qui accompagnera les réouvertures des centres recevant et accueillant les activités développées par ces associations.
Les nouveautés et les offres imaginées pendant les longues périodes de confinement seront testées à l’occasion de cette reprise d’activité. Tout doit être tenté pour réactiver le lien social et le plaisir doit être à nouveau partagé de se rencontrer, même si les conditions sont encore quelques peu contraintes. Car ne nous y trompons pas, ces associations sont celles qui ont le plus souffert des périodes de fermeture d’activités, ce sont celles qui souffrent le plus de la désaffection de leurs adhérents en ce début d’année. Et ce sont bien souvent celles dont la situation financière était le moins solide au début de la crise.
A cette catégorie d’associations, il convient d’ajouter celles qui bénéficient de dons et de mécénat des entreprises, parfois collectés à l’issue d’un long parcours de séduction et de sollicitation développé auprès du public et des philanthropes.
Hormis les financements affectés à la recherche scientifique et à l’aide sociale engendrés par la crise du COVID-19, certaines chaînes de collectes de fonds se sont littéralement effondrées en l’espace de quelques mois.
Réinstaurer les habitudes de générosité de toute une population de donateurs encore plongés dans l’inquiétude sanitaire du lendemain prendra un certain temps pendant lequel les organismes habitués à recevoir des montants annuels significatifs devront s’adapter à une nouvelle dimension financière.
Pour fonctionner, ces associations et fondations mettent en œuvre toute une organisation humaine, sociale et administrative qui est à redimensionner. A la baisse. En attendant, sur le plan financier, elles doivent tendre le dos pour passer sous l’orage tout en respectant l’engagement d’utilisation des dons qu’elles ont reçus à la cause pour lesquels elles les ont collectés.
À découvrir :
Notre ebook : Optimisez la gestion financière de votre association
Même si la sortie du confinement à laquelle nous assistons depuis ces quelques semaines incite à l’euphorie, et cela se comprend, la gestion des associations en tant qu’opérateurs économiques se doit d’être conduite avec maîtrise et lucidité.
Le contexte environnemental et financier doit faire l’objet de soins attentifs de la part des dirigeants et gestionnaires. Il convient d’élaborer des prévisions suffisamment cohérentes et réalistes tant en charges, qu’en produits ou en investissements, qui seront appréhendées sur une période suffisamment longue. Il ne faut pas hésiter à se projeter sur 12 mois et plus selon les paramètres et caractéristiques d’activité de l’association. Elément indispensable, ce budget d’exploitation doit impérativement être accompagné d’un plan de trésorerie qui permettra de détecter les périodes fortes et les périodes de besoins de trésorerie. Tout document à caractère prévisionnel doit faire l’objet d’une mise à jour et d’une actualisation régulière. C’est indispensable. Ces documents doivent être établis mais également partagés avec les partenaires financiers et les conseils de l’association, expert-comptable, banquier, commissaire-aux-comptes. Mais il convient également de les présenter à l’organe de gestion de l’association (conseil d’administration, commission financière, etc.).
Philippe Guay
Expert-comptable, commissaire aux comptes, spécialisé ESS
Philippe est un expert-comptable et commissaire aux comptes qui a accompagné pendant de nombreuses années de multiples associations, fonds et fondations.