ESS, Gestion
Date de publication : 02/03/2023
Pour initier une dynamique d’amélioration continue de leurs pratiques d’un point de vue social et environnemental, de plus en plus d’associations s’inscrivent dans une démarche de responsabilité sociétale des organisations (RSO).
Certaines grandes entreprises sont légalement contraintes d’analyser les impacts négatifs de leurs activités sur les hommes comme sur la nature.
Cette démarche, dite « de responsabilité sociétale des entreprises » (RSE), donne lieu à la rédaction d’un document, baptisé « déclaration de performance extra financière » (DPEF), publié en annexe du rapport de gestion. DPEF qui, via des indicateurs, met en lumière ces impacts et les efforts consentis par l’entreprise pour les atténuer.
Pour le moment, seules les plus grandes entreprises, mutuelles et coopératives sont tenues de se soumettre à cette obligation. Pour autant, on observe que de plus en plus d’associations, grandes et petites, entament volontairement cette démarche. Une bonne occasion de revenir non seulement sur les motifs qui les animent, mais aussi sur la manière d’initier une dynamique de responsabilité sociétale dans son association.
Le simple fait de poursuivre un but philanthropique ne suffit pas à garantir le bon fonctionnement sociétal d’une association ou d’une fondation.
Les structures non lucratives, tout comme les entreprises, ne sont que des assemblées humaines qui, lorsqu’elles poursuivent leurs objectifs, risquent, si elles n’y prennent garde, de maltraiter leurs bénéficiaires, leurs collaborateurs, les territoires dans lesquels elles évoluent, mais aussi la nature. Des « mauvais traitements » qui, souvent, s’opèrent à bas bruit et qu’il est donc très difficile d’identifier tant ils sont masqués par les habitudes, les réticences au changement et la charge de travail à accomplir.
Malheureusement, ces dysfonctionnements quotidiens, s’ils ne sont pas corrigés, vont perdurer et quelquefois déboucher sur une crise majeure (pratiques de harcèlement, de discrimination, partenariats maintenus avec des fournisseurs ayant des impacts environnementaux ou éthiques très négatifs…). Cette crise pourra avoir un retentissement public qui nuira à la réputation de l’association, détournera ses soutiens et compliquera son recrutement.
Mais la RSO ne vise pas seulement à éviter les crises, elle représente également un bon moyen d’adopter des pratiques plus vertueuses d’un point de vue social, de gouvernance et environnemental et de le faire savoir.
C’est le rôle du rapport RSO. Un rapport qui s’adresse tout autant aux collaborateurs, aux partenaires et aux soutiens de l’association qu’au reste de la société. Un principe de transparence exigeant grâce auquel les associations qui s’engagent dans cette démarche communiquent sur leurs valeurs, leurs engagements sociétaux et, surtout, sur la manière dont elles les mettent en pratique dans leurs activités quotidiennes, en interne et dans leurs rapports avec toutes les parties prenantes. Un message positif qui, non seulement permet de renforcer l’attachement des équipes à l’association, facilite le recrutement de salariés comme de bénévoles et sécurise les éventuels donateurs, mais aussi consolide les rapports que l’association entretient avec des grands partenaires, eux-mêmes inscrits dans une démarche de responsabilité sociétale.
Autant de retombées positives qui expliquent que de plus en plus d’associations s’engagent volontairement dans une démarche RSO.
La démarche RSO s’inscrit dans une dynamique d’amélioration continue des pratiques de l’association. Pour la mettre en œuvre, il convient avant tout d’initier une phase de diagnostic. Cette dernière, qui pourra être menée seul (via des autodiagnostics) ou aidée par des tiers (cabinets spécialisés, experts-comptables…), a pour but de dresser un état des lieux. Au travers du prisme que constituent, par exemple, les grands thèmes sociétaux de l’ESS (l’adoption d’une gouvernance plus démocratique, la mise en place d’une politique salariale plus juste, une meilleure intégration de l’association dans son territoire, un meilleur respect de l’environnement ou encore une amélioration de la prise en charge des bénéficiaires), les pratiques de l’association seront passées en revue.
En outre, intégrer, dans les cercles de réflexion, les parties prenantes extérieures à l’association (bénéficiaires, partenaires, élus locaux…) est également important. Cela permettra de rendre les diagnostics plus pertinents mais aussi d’impliquer ces parties prenantes dans le processus d’amélioration des pratiques ou, en tout cas, de leur faire prendre conscience de la démarche à l’œuvre dans l’association.
La phase de diagnostic débouchera sur l’élaboration d’un plan d’action. Ce dernier listera un certain nombre d’objectifs qui correspondront à des points d’amélioration. Ces objectifs devront être précis et surtout quantifiables. N’oublions pas que la structure doit s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue. Elle doit donc, au fil des exercices, être en mesure de juger de l’efficacité des actions qu’elle initie et des progrès accomplis.
Pour mesurer ces progrès, des indicateurs pertinents et incontestables devront être adoptés. Là encore, le choix des objectifs (et des indicateurs) donnera lieu à une communication au sein de l’association pour que chacun ait conscience des priorités qu’elle s’est données en termes d’amélioration de ses pratiques et de son empreinte sociétale.
Concrètement, pour conduire le changement et atteindre les objectifs, une équipe dédiée devra être constituée. Elle devra accompagner les politiques correctives définies en formant des groupes de travail dans les différents services. Elle sera rattachée à la direction de l’association mais comprendra en son sein, idéalement, des membres des différents services afin d’être la plus représentative et la moins incontestable possible.
Enfin, chaque année, les indicateurs, assortis de commentaires expliquant leur évolution d’un exercice à l’autre et les actions menées pour les améliorer, devront être publiés afin que chacun, en interne mais également hors de l’entité, puissent les consulter. Cette transparence est consubstantielle de la démarche RSO. Elle permet, encore une fois, à toutes les parties prenantes internes et externes, de mesurer les impacts sociétaux de l’activité de l’association et les démarches engagées pour les améliorer.
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