ESS, Juridique
Date de publication : 13/10/2022
Christian Serpaud
Afin de distinguer les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS), quel que soit leur statut juridique (association, fondation, coopérative, mutuelle, société), la loi relative à l’ESS de 2014 a remplacé l’agrément « Entreprise solidaire », peu utilisé, par l’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale », dit « agrément ESUS ».
Au 31 mars 2019 (dernière enquête publique nationale en date), 1 710 structures bénéficiaient de l’agrément ESUS dont notamment 1 183 associations, environ 320 sociétés commerciales et près de 150 coopératives.
L’agrément ESUS est un « label » public permettant d’obtenir plus facilement des financements ou un accompagnement notamment pour les acteurs non-historiques de l’ESS, à savoir les sociétés commerciales. Les structures agréées ESUS peuvent ainsi accéder, par exemple, aux prêts solidaires de France Active, au dispositif local d’accompagnement (DLA) ou aux financements de BPI France, etc.
Par ailleurs, l’agrément ESUS permet de bénéficier plus facilement de l’épargne solidaire via l’épargne salariale ou les contrats d’assurance-vie. En effet, toutes les entreprises doivent proposer à leurs salariés la possibilité de souscrire, via un plan d’épargne salariale, à un fonds solidaire (dit fonds « 90-10 ») qui investit entre 5 % et 10 % de son portefeuille dans des structures bénéficiant de l’agrément ESUS.
En outre, depuis le 1er janvier 2022, les contrats d’assurance-vie multisupports doivent proposer au moins un fonds solidaire (fonds « 90-10 ») dans leur gamme d’unités de compte. Deux moyens de financement intéressants pour les structures de l’ESS quand on sait que, selon le dernier baromètre de la finance solidaire de l’organisme Fair, l’encours de l’épargne solidaire en France s’élevait à 24,5 milliards d’euros au 31 décembre 2021.
Enfin, les particuliers qui investissent dans des sociétés bénéficiant de l’agrément ESUS et créées depuis moins de 7 ans peuvent profiter de réductions d’impôt dans le cadre du dispositif « IR-PME ». Une réduction d’impôt correspondant à 25 % des versements effectués jusqu’au 31 décembre 2022 avec, comme condition, l’engagement de conserver les titres reçus pendant 5 ans.
En fonction de leur statut ou de leurs activités, certaines structures peuvent bénéficier de l’agrément de plein droit tandis que d’autres pourront en bénéficier sous conditions.
Les entreprises de l’ESS doivent remplir différentes conditions afin d’obtenir l’agrément ESUS.
Ainsi, elles doivent poursuivre, à titre principal, au moins un des objectifs suivants :
À noter : cet objectif doit faire l’objet d’une mention dans les statuts.
En outre, la charge induite par leurs activités d’utilité sociale doit avoir un impact significatif sur le compte de résultat de l’entreprise. Cette condition est remplie lorsque l’entreprise respecte l’une des deux conditions suivantes :
Enfin, les titres de capital de l’entreprise ne doivent pas être négociés sur un marché financier.
En revanche, en raison de leur activité, certaines structures bénéficient de plein droit de l’agrément ESUS. Ceci signifie qu’elles n’ont pas à respecter les conditions d’obtention de l’agrément exigées pour les autres structures, à l’exception toutefois de celles relatives à la politique de rémunération et à l’absence de cotation sur un marché financier.
À savoir : ces structures doivent quand même demander l’agrément ESUS pour bénéficier de ces avantages.
Sont ainsi concernés par cet agrément de plein droit, notamment :
La demande d’agrément ESUS doit être adressée à la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) du siège de l’établissement principal de l’entreprise. Chaque Dreets propose un dossier en ligne. L’absence de réponse passée un délai de 2 mois vaut agrément.
L’agrément ESUS est délivré pour 5 ans, sauf pour les structures créées depuis moins de 3 ans qui bénéficient d’un agrément de 2 ans seulement.
Christian Serpaud
Expert-comptable, commissaire aux comptes, associé, directeur national ESS
Christian est associé au sein du cabinet In Extenso. Expert-comptable et commissaire aux comptes spécialiste du secteur associatif et ESS, il est en charge du Marché Economie Sociale du groupe In Extenso.