Gestion
Date de publication : 10/06/2022
Frédéric Mazel
En principe, à partir du 1er septembre 2027, les associations assujetties à la TVA, établies en France, devront être en mesure de n’émettre et de ne recevoir que des factures électroniques pour leurs opérations avec d’autres assujettis. Elles devront, par ailleurs, communiquer, dans le respect d’un protocole technique précis, les données de transaction (e-reporting) associées à leurs autres opérations, notamment avec les particuliers, à l’administration fiscale. Une bonne raison de revenir sur la facture électronique dans les associations.
Article mis à jour en mars 2024
Une facture électronique est une facture émise, transmise et reçue sous une forme dématérialisée. Et afin de permettre, notamment à l’administration fiscale, d’exploiter les informations qu’elle contient, elle doit nécessairement comporter un socle minimum de données sous forme structurée, ce qui la distingue d’une facture « papier » ou numérisée en format « pdf ».
Depuis le 1er janvier 2020, toutes les entreprises et les associations sont tenues d’envoyer leurs factures à leur clients « publics » (État, collectivités territoriales, établissements publics) sous format électronique. Progressivement (selon la taille des structures), les transactions inter-structures privées (entreprises, associations assujetties…) devront également être facturées sous format électronique. Le calendrier de mise en œuvre a été précisé dans le cadre de la loi de finances pour 2024.
À partir du moment où votre association est assujettie à la TVA, elle doit respecter cette obligation et donc, dans le respect du calendrier prévu par les pouvoirs publics dans le cadre de la loi de finances pour 2024, passer à la facturation électronique.
Autrement dit :
Mais attention, les associations cocontractantes de l’État, des collectivités territoriales et de leurs établissements publics sont déjà tenues de transmettre leurs factures par voie électronique.
L’entrée en vigueur de ce dispositif est échelonnée dans le temps en fonction de la taille de la structure et/ou de la nature de l’obligation. Le calendrier prévu comporte deux étapes. Ainsi, au 1er septembre 2026, les entreprises et les associations devront être en mesure de recevoir des factures électroniques. S’agissant de l’obligation d’émettre des factures électroniques (e-invoicing) et de transmettre certaines données de transaction à l’administration fiscale (e-reporting) l’obligation s’appliquera dès le :
Sachant que ces deux échéances pourront, le cas échéant, être reportées par décret jusqu’à 3 mois, soit une date limite maximale fixée respectivement au 1er décembre 2026 et au 1er décembre 2027.
Ces dates doivent encore être confirmées dans le cadre de l’adoption de la loi de finances pour 2024.
La facturation électronique concerne l’ensemble des opérations d’achats et de ventes de biens et de services réalisées entre des entreprises et/ou des associations. Et ce, à la double condition : que ces structures soient assujetties à la TVA et qu’il s’agisse d’opérations « domestiques », c’est-à-dire réalisées sur le territoire national.
À noter qu’une association est, par ailleurs, concernée par l’e-reporting si elle émet des factures à destination de clients particuliers ou établis à l’étranger.
Une fois émise, la facture électronique est acheminée vers son destinataire par l’intermédiaire d’une plateforme de dématérialisation partenaire agréée. Il peut s’agir du portail public de facturation ( actuellement Chorus Pro) ou d’une autre plate-forme de dématérialisation privée. Ces plateformes portails jouent plusieurs rôles : celui de tiers certificateur dans le sens où elles vont garantir l’identité de l’émetteur et du récepteur, le bon déroulement du transfert et l’intégrité de la facture ; mais aussi celui de collecteur de données au profit de l’administration fiscale. Cette collecte est strictement limitée au bon déroulement des missions poursuivies par l’administration fiscale en l’occurrence : le pré-remplissage de la déclaration de TVA et bien sûr, la lutte contre la fraude fiscale.
À travers la généralisation de la facturation électronique, les pouvoirs publics poursuivent quatre objectifs :
D’abord, comme le soulignent les pouvoirs publics, passer à la facturation électronique va réduire le coût de traitement d’une facture. Encore une fois, selon l’administration fiscale, le coût du traitement d’une facture papier reviendrait à plus ou moins 10 € alors que celui d’une facture électronique « serait inférieur au prix d’un timbre poste ». Mais cette opération de dématérialisation présente d’autres intérêts et, notamment, de sécuriser les envois et factures (plus de risques de perte de courrier, garantie que le destinataire l’a bien reçue, réduction du risque d’erreur et donc de redressement…) et ainsi de permettre de mieux assurer le suivi (envoi automatique des relances, par exemple) et donc de réduire les retards de paiement. En interne, le fait de procéder à la dématérialisation des factures dans les associations offre également la possibilité, notamment dans les associations multisites, d’accéder à distance à ces pièces comptables. Un partage de données qui viendra renforcer le contrôle des dépenses et ainsi supporter une meilleure gestion de la trésorerie de l’association.
Cette procédure va fiabiliser l’information comptable en la rendant plus sure et plus complète. Elle va sécuriser le process de comptabilisation du chiffre d’affaires, et donc la fiabilité des comptes vis-à-vis du lecteur éventuel.
De cette manière et en instaurant des procédures plus strictes, le risque d’oubli de facturation sera sans doute encore plus réduit.
Il est fortement conseillé de ne pas attendre le dernier moment pour s’attaquer à un tel chantier. Et sur ce point, l’administration fiscale précise que les entreprises et les associations qui devancent l’obligation d’émettre des factures électroniques disposent d’une certaine marge de manœuvre. Ainsi, pendant cette période de transition, elles peuvent émettre des factures électroniques sans, de façon simultanée, transmettre les données de transaction à l’administration fiscale (e-reporting). En outre, elles ne sont pas non plus tenues de dématérialiser l’ensemble de leurs factures. Autrement dit, pendant cette période transitoire, elles peuvent choisir, pour chaque facture, entre le format électronique et le format papier.
Pour aider les entreprises et les associations à mieux comprendre la réforme et à l’appliquer, Bercy a rédigé une cinquantaine de questions/réponses. Cette FAQ – Facturation électronique revient sur la présentation générale de la facturation électronique, sur les modalités de son entrée en vigueur, sur les deux familles d’obligation (e-invoicing et e-reporting) et sur les problématiques de transmission. Cette FAQ, en format « pdf » est librement téléchargeable.
Frédéric Mazel
Expert-comptable, commissaire aux comptes, associé, responsable régional ESS Provence