Comptabilité, Fonds de dotation - Fondation
Date de publication : 15/04/2021
Philippe Guay
Les fonds de dotation sont des organismes d’intérêt général qui collectent des dons pour mettre en œuvre ou financer des projets d’intérêt général. En les instaurant, la loi LME (article 140 de la Loi n°2008-776 du 4 août 2008) nous a fait découvrir l’univers nouveau de l’affectation directe des dons et libéralités à la dotation de l’organisme ainsi constitué. Un récent rescrit de l’administration fiscale revient sur cette particularité qui a des conséquences comptables.
Le principe de base énoncé par l’article fondateur est clair : les dons qui ne sont pas issus d’un appel à la générosité publique ne constituent pas des ressources du fonds de dotation, mais des libéralités. Ils doivent obligatoirement être incorporés à la dotation.
Lorsque le fonds de dotation collecte des dons dans le cadre de campagnes d’appel à la générosité du public, ceux-ci sont classés dans les ressources du fonds. Ils alimentent, alors, les produits du compte de résultat. Sauf à ce que le conseil d’administration en décide autrement. Dans ce cas, on retrouve le schéma initial et les dons ainsi collectés alimentent également la dotation.
Lorsque les statuts prévoient que la dotation de l’organisme est consomptible, ces dons qui ont été incorporés à la dotation peuvent être redistribués à des organismes éligibles au régime fiscal du mécénat.
À lire :
Nouveau règlement comptable des fonds de dotation
Dès la création des fonds de dotation, l’administration fiscale a pris position en précisant que :
Dans une mise à jour récente du BOFIP (BOI-RES-BIC-000069-17/02/2021) l’administration apporte à cette situation des conditions assorties de précisions :
« Ces libéralités ne pourront ouvrir droit à l’avantage fiscal prévu par l’article 200 du Code général des impôts (CGI) et par l’article 238 bis du CGI qu’à la condition que le fonds de dotation reverse également les produits tirés des dons incorporés à la dotation, étant précisé :
L’administration appuie et complète son propos en précisant que « ne peuvent bénéficier des dispositions de l’article 200 du CGI et de l’article 238 bis du CGI, les libéralités qui, en contravention des dispositions de l’article 140 de la loi seraient redistribuées sans être incorporées à la dotation ou qui seraient incorporées à une dotation ne générant aucun produit ». Cette exigence peut être lourde de conséquences pour les fonds de dotation qui ne respecteraient pas ce principe et ne passeraient pas par la case « dotation » avant de redistribuer les dons qu’ils affectent au financement de projets, seraient-ils portés par des organismes qui, par ailleurs respectent toutes les conditions de l’intérêt général.
Ebook à télécharger :
Les 15 points clés sur le fonds de dotation
Il semble utile de rappeler, ici, qu’un fonds « opérateur » est un fonds qui gère et conduit lui-même, sous sa responsabilité, la réalisation de projets d’intérêt général. Il utilisera, pour cela, tout ou partie de sa dotation (ou des revenus procurés par celle-ci) qu’il consommera à cet effet.
Un fonds « redistributeur » est un fonds qui confiera à un organisme d’intérêt général le soin de gérer et conduire sous sa propre responsabilité, la réalisation d’un projet pour le financement duquel il a été sollicité. Le fonds redistributeur devra s’assurer de la bonne utilisation et de la bonne fin des financements qu’il a affectés (issus de sa dotation consomptible ou des revenus procurés par celle-ci). De plus, l’organisme bénéficiaire doit délivrer, au fonds de dotation, une attestation précisant :
A découvrir :Notre dossier complet sur les fonds de dotation
Philippe Guay
Expert-comptable, commissaire aux comptes, spécialisé ESS
Philippe est un expert-comptable et commissaire aux comptes qui a accompagné pendant de nombreuses années de multiples associations, fonds et fondations.