Comptabilité, Gestion
Date de publication : 03/11/2022
Philippe Guay
L’arrivée de la fin de l’année correspond à une période de travaux intenses pour les services comptables des associations. Au moins, pour la très grande majorité de celles qui clôturent leurs comptes annuels avec l’année civile.
L’établissement des comptes annuels est un évènement majeur pour l’organisme, bien souvent synonyme de surcroit d’activité. Il correspond à une période de grande agitation, caractérisée par des demandes d’informations et de renseignements essentiels pour permettre une approche fidèle du résultat et de l’établissement des comptes.
De plus, les services comptables des associations sont souvent « pressés » par les dirigeants, les financeurs, les banquiers et autres tiers intéressés par la publication des résultats et l’analyse de la santé financière de l’organisme.
Chaque année, le rêve de tout comptable est d’améliorer les délais pour établir et produire ces comptes annuels. Un véritable défi ! Une véritable course vers la performance !
Oui, c’est possible.
Tout d’abord, il faut sensibiliser tous les acteurs qui interviennent à un moment ou un autre dans la chaine de transmission des informations utiles à l’élaboration des comptes annuels.
Le défi doit être celui de tous. A commencer par la direction générale qu’il convient d’embarquer dans le projet. La production rapide des états financiers ne peut être réalisée que si tous les services sont convaincus que l’obtention d’une information financière fiable, communiquée dans des délais brefs est nécessaire pour contribuer à l’élaboration des comptes.
Il est indispensable de concevoir, dès l’origine, c’est-à-dire le plus en amont possible, une répartition des rôles confiés à chacun, spécialement pour la clôture des comptes. Telle une campagne militaire, chaque mission sera affectée à des personnes qui seront responsables de collecter les informations utiles au moment voulu. Le calendrier d’action devra être respecté. Dans ce plan d’action, il conviendra d’imaginer les éventuels incidents ou anomalies qui pourraient survenir et freiner la bonne marche du projet. Des alternatives doivent être envisagées.
Pour être efficace, un planning doit respecter quelques règles essentielles :
De plus en plus, les associations, comme les entreprises privées, se dotent d’outils informatiques et de logiciels performants qui leurs permettent de disposer d’une comptabilité tenue à jour en temps réel. Certains organismes utilisent des plateformes sur internet avec lesquelles elles peuvent récupérer automatiquement les flux financiers auprès des banques et les factures sous forme électronique auprès de leurs fournisseurs.
De plus, le logiciel de traitement de la paie déverse, chaque mois les écritures comptables de paies et de charges sociales. Il en est de même pour les ressources gérées par des logiciels adaptés (gestions des cotisations, des facturations).
Le suivi et le traitement des immobilisations n’échappe pas à la règle puisque l’intégration de la dotation aux amortissements pourra être réalisée sur la base du calcul automatisé des amortissements (avec en prime une ventilation analytique le cas échéant).
Une réunion de travail est utile pour que les principaux acteurs puissent se rencontrer avant les opérations elles-mêmes et se sentent impliqués : direction générale, service juridique, ressources humaines, services opérationnels…
L’ordre du jour doit comprendre :
La clé de la réussite, pour améliorer les délais d’établissement des comptes annuels, consiste à anticiper certaines tâches qui seront réalisées et arrêtées bien en amont de la date de clôture (au 30 novembre, par exemple) et sur lesquelles il n’y aura pas à revenir au moment de la clôture des comptes.
Il faut considérer, pour cela, que même si un évènement intervient pendant le dernier mois, son incidence sera :
La réalisation de travaux d’anticipation des comptes à une date proche de la date de clôture annuelle est un état d’esprit auquel il convient de s’habituer. Cela permet d’anticiper certaines tâches pour la fin de l’exercice. De plus, la connaissance d’informations financières sur la tendance des résultats de fin d’exercice, un ou deux mois avant la clôture, donne la possibilité et le temps nécessaires pour prendre certaines décisions correctives.
Parmi les travaux qui peuvent être anticipés, nous vous recommandons de porter votre attention sur les points suivants :
Les travaux relatifs aux investissements et immobilisations sont toujours très consommateurs de temps en fin d’exercice. En effet, il convient de mettre à jour le fichier des immobilisations, recenser les entrées et les sorties, traiter les immobilisations en cours, calculer la dotation aux amortissements, effectuer le rapprochement entre le fichier des immobilisations et la comptabilité.
Toutes ces tâches peuvent être réalisées par anticipation s’il est décidé de stopper les acquisitions d’immobilisations au 30 novembre, interdire la réalisation d’investissements en décembre, mettre en place une date limite d’activation des acquisitions pour ne pas devoir modifier le calcul de la dotation à la clôture, procéder à un inventaire physique en cours d’année et procéder à la saisie des mises au rebut dans le même temps.
Une analyse des factures comptabilisées en charges d’entretien devra également être réalisée pour détecter d’éventuelles immobilisations à intégrer dans les comptes appropriés.
La mise à jour des provisions pour la dépréciation de comptes clients, usagers et divers tiers peut très bien être réalisée sur la base d’une analyse des comptes au 30 novembre à partir d’un pointage de la balance âgée et des résultats des relances, du reclassement des créances à risque, du contrôle des comptes de dotation et reprises de provisions.
L’évolution du risque pendant le seul mois de décembre n’est bien souvent que peu significative et n’entraine pas nécessairement la remise en cause des travaux réalisés par anticipation un mois plus tôt. Seuls les évènements majeurs et significatifs qui se produiraient entre la date de détermination des provisions et celle de la clôture nécessiteraient d’être pris en compte.
Pour la détermination des provisions pour risques et charges, on peut appliquer le même principe que pour les comptes de clients et de tiers. L’analyse de la situation des risques et le montant des provisions peut être arrêté au 30 novembre après une revue des dossiers en amont avec les services concernés et les juristes. Il est rare qu’un élément nouveau vienne, au mois de décembre, changer fondamentalement la situation. Et si c’était le cas, cela peut être traité par exception.
Il est possible de gagner du temps en décembre et de limiter les écritures en rapprochement bancaire, si une analyse approfondie de ces écritures est réalisée au 30 novembre et si une procédure consistant à ne plus émettre de règlement (émissions de chèques et virements) ou réaliser des remises bancaires au-delà d’une date proche de la clôture, a été mise en place.
Pour les organismes qui font appel à la générosité du public et qui reçoivent de nombreux dons en toute fin d’année, cette caractéristique mérite, alors, de faire l’objet d’une attention toute particulière. Ainsi, le traitement des encaissements relatifs aux dons de fin d’exercice sera isolé dans une procédure distincte.
Les écritures relatives aux emprunts, lignes de crédit, prêts peuvent également être anticipées à l’appui des échéanciers sans pour cela attendre la perception d’un document particulier en fin d’exercice.
Votre organisation et vos modes opératoires doivent impérativement vous permettre d’avoir connaissance de façon anticipée et exhaustive quels sont tous les salariés et bénévoles qui doivent vous restituer les notes de frais de déplacements que l’association prend en charge. Mettez en place un système coercitif qui les incitera à respecter les délais de transmission que vous aurez exigés. Au mieux, utilisez un système d’approche qui vous permettra d’évaluer, avec suffisamment de précisions, le coût à prendre en charge auprès des retardataires.
À voir :
Regard d’experts : L’abandon de frais par les bénévoles
Pour réduire le délai de réalisation de vos comptes annuels, il faut que tous les acteurs concernés dans votre organisation soient impliqués pour la réussite de ce défi. Cela passe par une action de communication, la préparation d’un calendrier réaliste et la sensibilisation de Tous à l’anticipation des actions préparatoires.
Les étapes clés à mettre en œuvre sont :
Philippe Guay
Expert-comptable, commissaire aux comptes, spécialisé ESS
Philippe est un expert-comptable et commissaire aux comptes qui a accompagné pendant de nombreuses années de multiples associations, fonds et fondations.