Gestion
Date de publication : 06/11/2025

Philippe Guay
Après avoir consacré un article sur le recrutement des administrateurs et bénévoles au sein de l’association, il convient désormais de se pencher sur le statut particulier à leur appliquer et les règles à respecter pour assurer le bon fonctionnement et les bonnes relations avec ces acteurs et animateurs de la vie de votre organisme.
Les fonctions et rôles confiés aux administrateurs sont bien souvent abordés dans les statuts de l’association. Avec plus ou moins de précisions selon le choix retenu par les fondateurs. Lorsque cela s’avère nécessaire, les règles de vie et de fonctionnement du conseil d’administration sont complétées par des résolutions soumises à l’approbation des administrateurs. Elles peuvent également être consignées au sein d’un règlement intérieur du conseil d’administration. Ces prises de décisions, ou mises à jour du règlement intérieur du conseil d’administration, se passent bien souvent lors de la mise en place d’une nouvelle équipe dirigeante.
A cette occasion, il est important de préciser :
Tous ces sujets, et d’autres plus particuliers à l’activité spécifique de l’association ou à son secteur, peuvent être regroupés dans un document unique organisé qui peut constituer une « charte de l’administrateur ». L’intérêt d’un tel document est son caractère pérenne. Il centralise tous les sujets propres à la fonction d’administrateur, il peut être mis à jour régulièrement et il est transmissible aux nouveaux élus qui rejoignent le cercle des dirigeants de l’association.

Sur le plan règlementaire, on relèvera que, la plupart du temps, les administrateurs exercent leur fonction de manière bénévole et nous soulignerons, ici, que l’absence de contrepartie financière est une caractéristique fréquente relative à la fonction d’administrateur. D’ailleurs, l’administration fiscale, hormis quelques cas particuliers de tolérance qui ne seront pas développés ici, s’appuie sur les fondamentaux de la loi du 1er juillet 1901 et apprécie la pratique de rémunération des dirigeants de l’association pour considérer le statut fiscal de celle-ci et son assujettissement ou non aux impôts commerciaux.
Tout comme pour les administrateurs, les fonctions du bénévole de l’association se caractérisent par une mise à disposition gracieuse de son temps au service de l’organisme.
Dans un cas comme dans l’autre, le bénévole doit s’insérer sereinement dans l’organisation de l’association. Il doit savoir à qui il doit se référer et partager ses actions, besoins et difficultés éventuelles. Une description claire de la hiérarchie en place doit permettre d’éviter les conflits.
Dans certaines structures où l’appel aux bénévoles est important et structuré, un organigramme hiérarchique propre aux fonctions et équipes de bénévoles peut être mis en place. Dans ce cas, les relations avec les dirigeants élus ou salariés de l’association doivent être clairement identifiées et connues de tous.
Comme pour les administrateurs, le bénévole ne doit percevoir aucune rémunération pour la fonction qu’il occupe, ni en espèces, ni sous la forme d’avantages en nature. Il convient d’être attentif à cette caractéristique car les jurisprudences sont nombreuses qui remettent en cause la situation de bénévoles pour lesquels l’administration estime que les avantages en nature (logement, repas, par exemple) perçus dans un contexte de lien de subordination constituent des rémunérations soumises à cotisations sociales.
Cette nuance est parfois difficile à démontrer, surtout lorsque le bénévole participe activement aux activités développées par l’association aux cotés de collaborateurs salariés. Dès lors que l’activité du « bénévole » est requalifiée en activité salariée, l’ensemble de la réglementation du travail et de la protection sociale s’applique. Ainsi, notamment, l’association doit procéder à l’affiliation de l’intéressé au régime général de sécurité sociale, payer les cotisations dues au titre des rémunérations ou des avantages en nature versés et appliquer les règles prévues en matière d’accidents du travail. Par ailleurs, le défaut de déclaration préalable à l’embauche découlant de l’emploi d’un « faux bénévole » ainsi que celui du non-établissement des déclarations sociales et du bulletin de paie sont constitutifs de l’infraction de travail dissimulé.
Les bénévoles peuvent être amenés à engager, à titre personnel, des dépenses pour le compte de l’association (déplacements, achats de matériel, hébergement, etc.).
Ces frais peuvent faire l’objet soit d’un remboursement par l’association, soit d’un abandon volontaire par le bénévole, pouvant alors donner lieu à une réduction d’impôt si certaines conditions sont réunies. Le régime applicable à ces frais est encadré par la doctrine fiscale, la jurisprudence et le Code général des impôts (CGI).
L’abandon de frais par les bénévolesL’article 200 du CGI permet à un bénévole de renoncer au remboursement de ses frais, à condition que ceux-ci soient réels, justifiés, et liés directement à l’activité associative.
Pour qu’un remboursement soit effectué par l’association :
Parmi les dépenses remboursables :
Pour l’usage d’un véhicule personnel, il conviendra d’appliquer le barème kilométrique des salariés ou des travailleurs indépendants.
Le bénévole peut renoncer au remboursement de ses frais réels engagés pour le compte d’une association. Cette renonciation est alors assimilée à un don, ouvrant droit à une réduction d’impôt sur le revenu.
Pour bénéficier de la réduction d’impôt :
Le bénévole peut alors bénéficier :
L’association doit :
La délivrance abusive de reçus fiscaux peut entraîner des sanctions fiscales et la remise en cause du régime fiscal général de l’association.
Jurisprudence et doctrine administrative
Quelques bonnes pratiques que nous recommandons

Pour parfaire la relation avec chaque bénévole, nous vous recommandons d’établir un contrat d’engagement bénévole avec chacun de vos bénévoles et pour chaque circonstance ou évènement particulier. Ce contrat aura un caractère permanent ou délimité dans le temps lorsque, par exemple, appliqué à un évènement ou une manifestation particulière.
Différents modèles de conventions d’engagement bénévole existent comme le « passeport bénévole » instauré par France bénévolat qui constitue un véritable outil de dialogue entre l’association et le bénévole.
Cette démarche permet aux associations de les aider dans leur rôle de gestion des ressources humaines que constituent le bénévolat associatif. Le document aborde différents axes tels que :
La démarche permet de faire le point plus facilement sur la participation du bénévole à l’activité de l’association. Répertorier les actions et les fixer par écrit en remplissant le contrat d’engagement bénévole est une manière de respecter le travail effectué et de montrer de la reconnaissance à ses bénévoles.
Ainsi, le sens de la mission du bénévole par rapport au projet de l’association apparaît clairement. Ce temps d’échange est aussi l’occasion de s’intéresser à la motivation des bénévoles, leurs idées, et reconnaître le bénévole dans sa dimension humaine. C’est également le bon moment pour rappeler la place et le rôle du bénévole dans le projet associatif et notamment d’aborder une question sensible : l’équilibre entre liberté d’action du bénévole et cohérence du projet collectif.
En dehors de certains secteurs à caractère social, l’activité des bénévoles n’est, en principe, pas couverte par une garantie relative à une assurance « accident du travail ». Il est donc vivement conseillé aux associations de contracter une assurance responsabilité civile pour couvrir les risques encourus par les bénévoles. Dans ce cas, généralement, les accidents couverts sont exclusivement ceux survenus par le fait ou à l’occasion des fonctions bénévoles considérées et incluent les accidents de trajet.
La responsabilité civile des associations
Dans un précédent article, nous avons évoqué la place particulière que les bénévoles mineurs peuvent tenir au sein de l’association. Lorsque des mineurs souhaitent s’engager dans une association, l’organisation doit respecter certaines obligations pour garantir leur sécurité et leur bien-être. L’association doit veiller à ce que les mineurs soient correctement encadrés. Les activités proposées doivent être adaptées à leur âge et à leur niveau de maturité.
Il convient également de veiller à l’encadrement par des adultes responsables, formés et expérimentés. Les associations qui accueillent des bénévoles mineurs doivent s’assurer que ces derniers bénéficient d’une couverture d’assurance adéquate. Cela inclut une assurance responsabilité civile et une couverture des risques liés aux activités qu’ils pratiquent. L’association doit veiller à ce que les activités proposées ne présentent pas de risques démesurés pour la sécurité des mineurs. Par exemple, un mineur ne pourra pas être sollicité pour des activités dangereuses sans avoir d’abord reçu une formation spécifique ou une autorisation. L’association doit également veiller à leur fournir des équipements adaptés (vêtements de sécurité, protections, etc.).
En tant que mineurs, les bénévoles doivent bénéficier d’une protection renforcée en ce qui concerne la collecte de leurs données personnelles et l’usage qui en est fait. L’association doit être particulièrement vigilante à respecter la législation sur la protection des données personnelles (RGPD).
Les mineurs peuvent participer à une variété d’activités au sein des associations, mais certaines doivent être adaptées en fonction de leur âge et de leur développement. Voici quelques exemples d’activités généralement accessibles aux mineurs :
Nous assistons dans certains domaines à des prises d’initiatives intéressantes et novatrices en matière de gestion des bénévoles et responsables d’associations (micro-bénévolat, télé-bénévolat, bénévolat ponctuel, mécénat de compétence).
De nouvelles formes de bénévolat et de coopération avec la gouvernance apparaissent. Leurs mises en œuvre mixent pour une plus grande efficacité les différentes composantes actives qui sont au service de l’association (dirigeants, salariés, bénévoles, bénévolat de compétence, etc.). Cette évolution est, certes, louable et bénéfique. Elle ne peut qu’être encouragée. Encore faut-il en préserver les contours juridiques et réglementaires.


Philippe Guay
Expert-comptable, commissaire aux comptes, spécialisé ESS
Philippe est un expert-comptable et commissaire aux comptes qui a accompagné pendant de nombreuses années de multiples associations, fonds et fondations.