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Date de publication : 27/05/2025
Laurent Simo
Même s’il est courant dans les associations, le contrat de travail à durée déterminée (CDD) reste, juridiquement, un contrat d’exception par rapport au contrat de droit commun, le contrat à durée indéterminée (CDI). Il obéit donc à des règles particulières qu’il convient de bien connaître pour éviter sa requalification en CDI.
Il est très important de retenir qu’un CDD ne doit avoir ni pour objet ni pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente de l’association.
En effet, un CDD ne peut être conclu que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire :
Le CDD conclu pour un accroissement temporaire d’activité ou pour remplacer un salarié en cas de départ définitif précédant la suppression de son poste doit comporter un terme précis, c’est-à-dire une date de fin. Le contrat conclu pour un autre motif peut ne pas comporter de terme précis, mais seulement une durée minimale. Dans ce cas, il prend fin avec la réalisation de son objet, par exemple, le retour du salarié absent ou la fin de la saison.
Motif de recours | Terme | Durée maximale (renouvellement inclus) (1) |
---|---|---|
Accroissement temporaire d’activité | Précis | Principe : 18 mois Exception : 9 mois pour la réalisation de travaux urgents nécessités par des mesures de sécurité |
Remplacement d’un salarié en cas de départ définitif précédant la suppression de son poste | Précis | 24 mois |
Contrat conclu dans l’attente de l’entrée en service effective d’un salarié recruté en CDI | Précis ou imprécis | 9 mois, que le contrat soit à terme précis ou imprécis |
Remplacement d’un salarié absent | Précis ou imprécis | 18 mois en cas de terme précis Pas de durée maximale en cas de terme imprécis |
Contrats saisonniers et d’usage | Précis ou imprécis | Pas de durée maximale selon la Cour de cassation (2) |
(1) Le contrat à terme précis peut être renouvelé deux fois dans la limite de la durée maximale applicable. (2) Attention, une durée trop longue pourrait être un indice que l’emploi visé par le CDD est un poste permanent dans l’association, ce qui pourrait entraîner sa requalification en CDI. |
Au terme d’un CDD, l’association qui souhaite conclure un nouveau CDD pour occuper le même poste de travail (apprécié en fonction de la nature des travaux confiés au salarié), que ce soit avec le même salarié ou un autre salarié, doit respecter un délai de carence fixé à :
Toutefois, ce délai de carence ne s’applique pas, et donc les deux CDD peuvent se succéder immédiatement, notamment dans les cas suivants :
L’association peut conclure plusieurs CDD successifs avec le même salarié sans avoir à respecter un délai de carence uniquement si ces CDD :
Dans les autres cas de succession de CDD sur un poste de travail différent (par exemple, un CDD pour le remplacement d’un salarié suivi par un CDD lié à un surcroît d’activité), l’association doit, selon l’administration, respecter un « certain délai » dont la durée n’est pas précisée mais qui ne doit pas être « bref » (ce délai, qui peut être inférieur au délai de carence, dépend de la durée du dernier CDD).
Par principe, un salarié engagé en CDD ne peut remplacer qu’un seul salarié. Cependant, une expérimentation a permis dans certains secteurs (établissements médico-sociaux, services à la personne, métiers du sport et des loisirs par exemple) qu’un seul CDD puisse être conclu pour remplacer plusieurs salariés soit simultanément, soit successivement.
Cette expérimentation a pris fin en avril 2025 et aucune mesure n’a été adoptée par le gouvernement pour prolonger ou pérenniser celle-ci. Ainsi, les CDD multi-remplacements conclus jusqu’à cette date continuent de produire leurs effets mais selon la foire aux questions publiée par le ministère du Travail, il n’est pas « recommandé de prolonger par voie d’avenant ou de renouveler un CDD remplacements multiples à une date postérieure à celle de la fin d’expérimentation ».
À l’arrivée du terme, le CDD prend automatiquement fin. Et attention, car si la relation contractuelle se poursuit après l’arrivée du terme, le contrat devient un CDI.
L’association doit verser au salarié une indemnité de fin de contrat correspondant à 10 % de sa rémunération brute totale (sauf taux différent prévu dans la convention collective).Toutefois, cette indemnité n’est pas due notamment :
Ainsi, même si le CDD est d’usage courant, il convient de retenir qu’il s’agit bien d’un mode dérogatoire au CDI et que celui-ci repose sur des règles légales ou conventionnelles à bien respecter pour éviter toute requalification.
Laurent Simo
Expert-comptable, commissaire aux comptes, associé, directeur national ESS, auditeur de durabilité
Laurent est associé au sein du cabinet In Extenso. Expert-comptable et commissaire aux comptes spécialiste du secteur associatif et ESS, il est en charge du Marché Economie Sociale du groupe In Extenso.