Gestion
Date de publication : 30/03/2022
Le tableau de bord est un outil de pilotage qui permet de suivre une trajectoire préalablement déterminée. Il repose donc sur deux principes fondamentaux : savoir où l’on veut aller (la stratégie, les objectifs) et déterminer les informations nécessaires pour contrôler l’atteinte de son but dans les meilleures conditions (les indicateurs).
Il constitue une synthèse des niveaux d’alerte susceptibles d’anticiper les incidents ou, le cas échéant, de prendre les décisions qui s’imposent pour modifier son chemin.
Difficile d’imaginer la conduite d’une voiture sans jauge d’essence ou compteur de vitesse : et pourtant, la « navigation à vue » est encore chose courante dans le secteur associatif…
Un tableau de bord ne peut pas être mis en place à partir d’un modèle. Celui-ci doit impérativement tenir compte de la spécificité des activités de la structure et des contraintes internes ou externes (système d’informations utilisé, niveau de compétence du personnel, indicateurs sollicités par des tiers, risques identifiés, etc.).
Toutefois, il doit répondre à des caractéristiques communes :
Afin d’être efficace, sa mise en œuvre est également conditionnée à certains prérequis en matière d’organisation interne :
Construire un tableau de nord nécessite un travail participatif des salariés, des bénévoles et peut impliquer un accompagnement externe pour coordonner la démarche.
La définition d’un tableau de bord pertinent correspond à une méthodologie précise et doit répondre aux questions suivantes :
Afin de faciliter les comparaisons, la période observée dans le tableau de bord doit toujours être la même : celle-ci doit se déterminer en adéquation avec les activités exercées. Ce peut être la journée, la semaine, le mois, le trimestre. Les données obtenues seront forcément comparées aux objectifs, mais aussi aux données des périodes précédentes, soit de l’année en cours, soit de l’année antérieure. Il est ainsi souvent plus pertinent de comparer les indicateurs du mois analysé avec le même mois de l’année précédente pour tenir compte des effets de saisonnalité.
La définition d’une périodicité est nécessaire et la tenue du délai d’édition impérative. Ce dernier doit tenir compte du temps suffisant pour obtenir les informations souhaitées sans forcément que celles-ci soient complètement exhaustives. En effet, l’utilité du tableau de bord réside dans la capacité de mettre en place rapidement des actions permettant d’infléchir une tendance, ce qui implique un délai de production proche des dates analysées. Il est ainsi préférable d’analyser 95% des informations le 15 du mois suivant que d’attendre 15 jours supplémentaires pour les obtenir en intégralité…
Le préalable sera d’appréhender la possibilité de s’approprier des informations de sources externes de manière récurrente mais aussi de sécuriser celles provenant de sources internes :
Une seconde réflexion sera d’optimiser leur extraction afin d’éviter les ressaisies et ainsi minimiser les risques d’erreurs ou d’omissions. Une analyse de la fiabilité du système d’information pourra également s’avérer nécessaire.
Cette question peut s’avérer cruciale car la personne identifiée devra non seulement être habilitée à entrer dans le système d’information mais aussi pouvoir interpeller les différents interlocuteurs devant fournir les données. Elle ne sera pas forcément en charge de l’interprétation des résultats, mais elle devra posséder suffisamment de recul pour s’assurer de la fiabilité des informations obtenues.
Choisir les indicateurs et leur typologie constitue une phase délicate : le but est de trouver ceux qui seront les plus pertinents, dont l’interprétation sera aisée, et permettant de prendre des décisions sans ambigüité. On peut globalement distinguer 3 types d’indicateurs :
Au-delà des éléments chiffrés, la forme des indicateurs sera adaptée aux personnes devant les interpréter : une courbe de tendance est souvent plus facile à comprendre qu’une liste de chiffres. Il est nécessaire de compléter la restitution d’information par des commentaires.
Quoi qu’il en soit, le choix des indicateurs, outre leur pertinence, devra également tenir compte des facteurs de contraintes et répondre à certaines exigences afin d’être :
L’obtention de données brutes est loin d’être suffisante. Celles-ci devront être comparées avec des objectifs, des seuils ou le passé afin de s’assurer de la bonne tenue de route. Le rapprochement avec les prévisions sera effectué en valeur et en cumul, en pourcentage de la prévision annuelle et en rapprochement des années antérieures.
Une bonne diffusion du tableau de bord est forcément restreinte à un groupe de personnes limité, en capacité de comprendre et interpréter les informations fournies. Sorties de leur contexte, certaines données peuvent impliquer de la confusion ou de la mauvaise interprétation. Il est ainsi conseillé de mettre en place des tableaux de bord internes pour chaque niveau de responsabilité, et de définir un outil différent à l’attention des partenaires de l’association.
Une fois le ou les tableaux de bord construit(s), ceux-ci devront faire l’objet d’expérimentation afin d’être certain qu’ils contiennent l’information souhaitée et qu’ils ne soient pas trop complexes ou trop longs à fournir. Quelques données fiables et rapides à obtenir seront souvent plus judicieuses que des éléments a priori pertinents, mais fastidieux à produire.
Il est également nécessaire de prévoir en amont les éventuels compléments d’informations qui pourront s’avérer importants pour mieux comprendre et de bien conserver les données sources sur lesquelles a été construite la synthèse.
L’indicateur constitue un outil d’évaluation. Il a l’avantage de synthétiser les informations afin d’aider à la prise de décision. Cependant, pris isolément ou avec une méconnaissance d’autres facteurs, il peut aussi constituer un risque de mauvaise interprétation.
Ainsi, il convient de définir ses propres indicateurs avec précaution :
Un tableau de bord ne se limite pas aux éléments financiers, bien au contraire. L’essentiel consiste à déterminer les quelques indicateurs clés permettant de jauger efficacement les activités principales de l’association. A titre d’exemple, on pourra retrouver :
Ces indicateurs d’activités devront être combinés avec les données financières afin de déterminer des indicateurs de « performance » (coût, ratio, etc.). Ceux-ci seront ainsi comparés dans le temps, mais aussi, si possible, avec des ceux des structures ayant des activités similaires.
Lorsque cela est possible, ils seront mis en perspective de moyennes du secteur d’activité ou de « standards » définis, tout en tenant compte des spécificités de la structure.
Le tableau de bord n’est pas le suivi budgétaire de l’association. Toutefois, il devra contenir des éléments financiers afin de s’assurer de la bonne tenue du budget.
Ainsi, il devra avant tout contenir les éléments de synthèse nécessitant une vigilance accrue ou ceux sur lesquels une action rapide pourra inverser la tendance. Ceux-ci pourront notamment se focaliser sur :
Les applications informatiques complémentaires aux logiciels comptables (récupération des écritures bancaires, suivis budgétaires, tableaux de bord, etc.) permettent d’obtenir une première version “brute” d’outils de synthèse. Leur adaptation aux spécificités de la structure demeurera toujours nécessaire et la mise en œuvre d’une démarche d’analyse, indispensable.
L’analyse d’un tableau de bord doit se réaliser en 3 étapes :
Cette analyse sera généralement partagée avec d’autres pour conforter les prises de position : avec les membres du conseil d’administration, des intervenants externes ou des partenaires (banquiers, autres associations, organismes financeurs, etc.).
Les décisions prises devront pouvoir être suivies dans le temps afin de s’assurer de leur pertinence et de leur efficacité. Elles pourront constituer un nouvel indicateur à analyser dans les tableaux de bord suivants.
Enfin, les tableaux de bord pourront faire l’objet de croisement d’informations ou d’analyses avec les autres outils utilisés au sein de la structure : suivis budgétaires, prévisionnels de trésorerie, rapports d’activités… C’est bien l’appréciation de ses données dans leur ensemble qui permettra ou non de confirmer les tendances observées et de prendre les décisions adéquates au regard de la situation.
A voir aussi :
Trésorerie des associations :un indicateur stratégique de pérennité
En complément de cet article : Regard d’experts : le tableau de bord dans une association